Les Noms des Champignons

 

 

Comme tous les êtres vivants qui peuplent notre planète, les champignons ont un nom. C’est celui que leur a donné le mycologue qui les a décrits pour la première fois  ( on dit l’auteur ). Cette dénomination des champignons constitue une des parties de la science mycologique : la Nomenclature. Il faut savoir que les problèmes de dénomination sont, contrairement à ce que l’on peut penser, souvent très complexes  et qu’ils relèvent de règles édictées par le Code International de Nomenclature botanique ( ICBN ).

 

Le nom scientifique du champignon est un binôme latin ( ou latinisé ) : nom du genre avec initiale majuscule, suivi de l’épithète spécifique avec initiale minuscule, elle-même suivie du nom de l’auteur ( ou des auteurs ). La citation de tous ses éléments se fait selon des règles très précises, bien que parfois très compliquées. Exemple du cas le plus simple : le nom scientifique de la girolle :

Cantharellus cibarius Fr.

Cantharellus ( chanterelle ) est le nom du genre

cibarius ( comestible ) est l’épithète spécifique

Fr. est l’abréviation de Fries, premier mycologue à avoir nommé, en latin, la girolle, c’est à dire, son auteur.

 

Les champignons les plus communs, les plus connus des non spécialistes, ont aussi un nom commun ( ou nom vernaculaire ). Par exemple, tout le monde connaît, au moins de réputation, la girolle, le cèpe, la coulemelle ou l’oronge. Les noms communs, bien que plus conviviaux, sont beaucoup moins précis que les dénominations latines. Tout d’abord, ils n’existent que pour un nombre restreint de champignons. Ensuite, ils sont entachés d’importantes variations géographiques et d’une grande imprécision, un même nom pouvant désigner, selon les régions, des champignons totalement différents

( mousseron, griset ). Seul, le binôme latin, accompagné des noms des auteurs permet de communiquer avec d’autres personnes, en étant certain de parler du même champignon. Il a en outre, l’intérêt d’être universel, et donc, d’être utilisé et compris partout dans le monde.

 

A titre d’exemple de la variabilité géographique des noms communs, je vais vous donner la liste des noms communs de Macrolepiota procera ( Scop. : Fr.) Singer, la bien connue coulemelle, liste établi par Henri Romagnesi, mycologue français de renom : lépiote élevée, coulemelle, agaric couleuvré,,badrelle, baguette de tambour, boutarot,, brugairol, brugaizello, bougasse,, brugasson,brugnet, bruquet, capella, capellon, champignon à bague, chic à bague,cluseu, clorosse, cloroson,  coche, cocherelle, cogomelos, coimelle coleaurelle, colemelle, columelle, columbette, clonas,b clounare, commerre, coquemelle,, couamelle, coumelle, couleuvrée, couleuvrelle, coulmotte, coulsé, cournet, cousné  cune, escargoule, escumelle, filleule, goimelle, golmelle, golmotte ,gousné, grande coulumelle, grisette, grisotte, madalena, mord de red, moussar, nez de chat, ombrella, sumbrelo, padre, parasol, poumelle, penchinado, potiron à bague, poturon, quioul d’ase ( cul d’âne en occitan !), Saint Martin , Saint Michel,, San Miguel, San Martino, vertet. Liste à laquelle je me permets d’ajouter le nom vernaculaire utilisé par les occitans de ma terre natale : samenaïre (c'est-à-dire champignon des semailles ).Des listes aussi impressionnantes peuvent être dressées pour d’autres champignons populaires : Amanita caesarea,  Boletus edulis, Cantharellus cibarius, Agaricus campestris, Lactarius deliciosus.

 

Vous voyez donc pourquoi les mycologues sont obligés d’emmagasiner dans leur mémoire des centaines de noms latins rébarbatifs. Ce n’est pas pour avoir l’air plus savants que le commun des mortels mai stout simplement pour savoir exactement de quoi ils parlent.

 

                                                                                         Dr.   Jean Prady